LA RENCONTRE AVEC LE SOLEIL, EXPERIENCE SENSITIVE


S'émerveiller c'est rencontrer le merveilleux. C'est une rencontre qui remplit le corps et l’esprit, on dit d'ailleurs "en avoir plein la vue" comme on en a plein le ventre après un bon repas.

L'émerveillement passe par la surprise aussi.

 

C'est être touché dans le corps jusque parfois en être étourdi.

 

Parmi les réactions psychosomatiques, le syndrome de Stendhal et le syndrome de Brulard definissent ces troubles sensoriels pour l'un et mémoriel pour l'autre, allant jusqu'à la déformation et la reformulation d'une rencontre sensorielle.

 

« J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »(1)

« Il me semble que nous entrâmes, ou bien les récits de l'intérieur de l'hospice qu'on me fit produisirent une image qui depuis trente-six ans a pris la place de la réalité. Voilà un danger de mensonge que j'ai aperçu depuis trois mois que je pense à ce véridique journal. Par exemple je me figure fort bien la descente. mais je ne veux pas dissimuler que cinq ou six ans après j'en vis une gravure que je trouvais fort ressemblante, et mon souvenir n'est plus que la gravure »(2).

 

Le soleil est un de ces éléments merveilleux du paysage. Un rdv avec la nature incontournable qui laisse rarement indifférent. En hiver, nombreux en déplore le manque.

 

Associé et opposé à la lune, le soleil est le symbole et le représentant de la lumière. Il rythme la vie des hommes depuis toujours.

Doux et apaisant, il est utilisé comme métaphore en hypnose pour apaiser une douleur.

Puissant dans la mythologie égyptienne, il s'oppose à la force des ténèbres.

Sans lumière, nous ne voyons pas, il nous pousse à voir et nous confronte aussi à la réalité.

Le coucher de soleil, c'est le crépuscule, la fin d'un cycle. Il est aussi à l'origine de grandes souffrances et source d'angoisse chez certains.

Les variations de lumière provoquent en effet une sensibilité particulière sur les plus jeunes et les plus âgés.

Le rythme circadien est lié au rythme de la journée, proche de la durée de 24 heures et ce pour tous les êtres humains. Il est réglé sur un rythme naturellement généré par l'organisme. La synchronisation jour-nuit est indispensable. Les périodes de changement (d'heure, de rythme de vie) ont une influence sur le rythme circadien qui peut être perturbé.

(A noter que la maladie d'Alzheimer provoque une rupture des rythmes circadiens du sommeil).

 

Ces facteurs internes permettant aux organes de travailler à un rythme adapté doivent être synchronisés avec les facteurs externes comme la lumière mais aussi la nourriture et pouvant affecter l'immunité.

 

Les facteurs environnementaux qui peuvent influencer l'horloge circadienne sont la lumière, les sons, la nourriture, le stress, la maladie, les médicaments et la toxicomanie. Le rythme circadien change avec l'âge.

 

Le bébé avant 4 mois, le bébé obéit à un rythme circadien interne. Un rythme régulier donné par les parents dans les repas et la journée va l'aider à "faire ses nuits", son horloge interne sera ajustée. Pour y arriver, il va passer par la période de pleurs. La dysrythmie du soir est un signe qu'il est dans une transition jour/nuit avec un cycle plus court de sommeil avec une perturbation pouvant générer une hyperactivité à la tombée de la nuit.

 

Pour le bébé des pleurs à la tombée de la nuit marque une phase, une transition vers un changement de cycles. Par la suite, il s'agira d'apprendre à aimer la nuit et aimer dormir. La nuit est aussi le signal de la séparation qui vers mois peut faire surgir de l'angoisse. Le doudou, s'il en éprouve le besoin, lui permettra de se sentir en sécurité et de réaliser que même seul, il ne risque rien.

 

L'absence de la lumière du soleil nous renvoie aussi à des peurs : peur des montres cachés dans le placard à l'acrophobie (la peur du noir) et l'achluophobie (la peur de l'absence de lumière), la scotophobie (la peur de l'obscurité), la lygophobie (la peur du crépuscule), la nyctophobie (la peur de la nuit). L'obscurité modifie notre vision et nous prive de l'un de nos sens les plus importants, créant un état de vulnérabilité.

 

Le soleil est l'expérience du début et de la fin, inséparables.

 

" Tout crépuscule est double, aurore et soir. Cette formidable chrysalide qu'appelle l'univers trésaille éternellement de sentir à la fois agoniser la chenille et s'éveiller le papillon". V. Hugo

L'émotion esthétique est un chamboulement biochimique du dehors au-dedans.

Cette émotion s'éprouve dans le corps, le plaisir ressent pouvant même aller jusqu'à des troubles tels des malaises, des bouffées de chaleur et autres manifestations corporelles. C'est la même chose avec le coup de foudre où le contact oculaire procure un chamboulement biochimique, dû à l'augmentation de l'ocytocine et de la dopamine.

 

Cette expérience sensitive, agréable ou effrayante, est à relier aux moments constitutifs de l'être humain et plus spécifiquement aux premiers éprouvés de la petite enfance.

 

"Il y a des rêves

de paysages ou de localités qui

sont accompagnées de la certitude exprimée

dans le rêve même : "j'ai déjà été là" (3)

 

BIBLIOGRAPHIE

(1) Stendhal, Rome, Naples, Florence, éditions Delaunay, Paris - 1826, tome II, p. 102

(2) Stendhal, « Vie de Henri Brulard », in Écrits intimes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1955

(3) Freud en Italie, Psychanalyse du voyage, A. et G. Haddad page 57, Hachette Littérature

 

Texte Corinne ALEXANDRE VERA


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