PHOBIES ET ESPACES


 

Parmi les troubles psychiques abordées en psychanalyse et psychothérapie il y a les phobies.

Pour mieux comprendre, voyons déjà ce qui se passe côté psychisme et pourquoi il y a la création de "symptômes".

La psychanalyse pose la thèse centrale de l'énergie psychique.

L'énergie psychique ou énergie pulsionnelle correspond à une excitation tonique à l'intérieur du corps pur répondre à nos besoins physiologiques ou psychiques : activités motrices, intellectuelles etc.

Elle circule dans l'ensemble du système nerveux.

L'organisme doit chercher à la maintenir constante. C'est le principe de constance.Une angoisse a bessoin de se décharger et d'être évacuée. Les modalités sont diverses mais en ce qui concerne la phobie, il s'agit d' un déplacement de l'angoisse vers un objet extérieur.

Pour comprendre ce qu'est un objet il faut passer par la pulsion.

La pulsion est formée de 4 composantes :

  • -la poussée : la force est constante
  • -la source : c'est le corps ou une partie du corps
  • -le but : c'est toujours la suppression de l'excitation
  • -l'objet : il permet à la pulsion d'atteindre son but

La pulsion est liée à l'émergie psychique.

L'organisme cherche à garder son énergie :

  • de la manière la plus économique possible (qui coûte le moins et souvet donc au plus rapide)
  • de la garder constance entre un principe de plaisir et de déplaisir

La décharge permet la satisfaction ce qui est une nécessité pour l'organisme. Le modèle physiologique se comprend selon le principe d'excitation et de décharges.

Pour Freud le Moi est le lieu de l'angoisse, un trop plein qui cherche à se décharger tout en tentant de garder ce lien avec la satisfaction.

Les symptômes sont ainsi des formes empruntées par le refoulé pour être admis dans le conscient, l'angoisse fait ainsi retour dans le symptôme.

Les productions refoulées sont déformées pour devenir méconnaissables au conscient.

Ce sont des formes substitutives qui servent de remplacement au désir inconscient.

Certaines phobies sont réellement handicapantes au quotidien notamment celles liées à l'espace dont la liste est longue et non exhaustive. Se déplacer devient un vrai parcours de combattant pour les personnes ayant des symptômes phobiques.

Historique de la phobie :

La première phobie était celle de l'eau avec l'hydrophobie qui pouvait être un lien avec la peur de la rage en 1314.

Ensuite, au XIXe siècle, c'est plutôt la phobie de la lumière avec la photophobie au moment de la découverte de l'électricité.

Ensuite, l'agoraphobie et la claustrophobie sont des autres peurs des grands espaces pour la première et des espaces clos pour la seconde qui sont mises en avant en 1873 et 1879.

Il y a également également à la fin du siècle, la peur de rougir (ereutophobie) et la dysmorphophobie.

Hystérie et Phobie

Freud, d'abord de la phobie dans les années 1890, dans une lettre à son ami Fliess du 23 septembre 1895.

Il y a un premier texte Obsession et Phobie 1895 où les phobies sont travaillées en parallèle des obsessions.

Ce qui est posé aussi, c'est la différence entre la peur et l'angoisse avec la confusion, du danger réel et du danger pulsionnel, c'est-à-dire inconscient.

Pour Freud, la phobie sera la forme non convertionnelle de l'hystérie. Il aborde un cas de la phobie hystérique en 1892.

Les phobies de l'espace

La liste est impressionnante et non exhaustive.

  • Acrophobie : Angoisse des hauteurs
  • Agoraphobie : Angoisse des espaces publics, de la foule et lieux déserts
  • Apéirophobie : Angoisse de l'infini
  • Oikophobie : Angoisse pour le milieu familial, de la maison
  • Sidérodromophobie : Angoisse de voyager en train
  • Aérodromphobie : Angoisse de l'avion, des voyages en avion
  • Cyclophobie : Angoisse de monter sur une bicyclette ou moto
  • Claustrophobie : ascenseurs, transports en commun...
  • Amaxophobie : Angoisse de conduire
  • Stasophobie : Angoisse de rester debout
  • Ambutophobie : Angoisse de marcher
  • Basophobie : Angoisse de tomber en marchant
  • Thalasophobie : Angoisse de la mer, des océans
  • Aquaphobie : Angoisse de l'eau
  • Ablutophobie : Angoisse de se baigner et de se noyer
  • Cynophobie : Angoisse des vagues
  • Dynamo phobie : Angoisse du mouvement
  • etc.

Passer le permis de conduire, utiliser le métro, prendre un bus scolaire, partir en colonie de vacances, se déplacer en train pour une réunion de travail etc.… sont des situations de la vie de tous les jours pouvant être impactées.

Parmi les phobies liées à l'espace : l'agoraphobie et la claustrophobie. Ce sont peut-être ce qui fait que nous ne nous comprenons pas entre ceux qui restent dans leur nid cosy et ceux qui ont besoin de sortir... comment faire quand on ne peut pas rester dedans et qu'on ne peut pas aller dehors ? Les angoisses des uns et des autres se croisent et se déchargent, parfois sous forme de colère et de violence. L'important n'est pas de juger mais de comprendre et d'aider pour éviter des troubles plus sévères.

La peur de sortir, la peur de crises d'angoisse et la difficulté de ne pas trouver d'aide tout comme à l'inverse le sentiment d'étouffement sont des symptômes susceptibles de s'amplifier et se transformer en phobie, symptôme névrotique d'une angoisse sans doute déjà là et qui se réveille.

L'agoraphobe aura du mal à se situer dans l'espace, perdu dans l'infini.

Il n'y a pas de point de contact extérieur- intérieur suffisamment sécure. Un accompagnement thérapeutique pas à pas est conseillé.

La phobie de conduire ou de se déplacer sur l'autoroute

L'autoroute est l'objet de nombreux cas de consultations pour phobies dans l'espace. Difficile de ne plus pouvoir passer que par les petites routes avec des stratégies d'évitement couteuses en énergie et en temps. Ne plus pouvoir aller travailler, ni faire ses courses, cette phobie entrave le quotidien dans ses besoins essentiels. Craindre les camions qui viennent trop près, des virages trop serrés, des côtes à monter, risquer de ne plus trouver de sorties, ne plus pouvoir accélérer ni s'éloigner de chez soi.

Parmi les réactions psychosomatiques : le syndrome de Stendhal

« J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »

Stendhal, Rome, Naples, Florence, éditions Delaunay, Paris - 1826, tome II, p. 102

L'angoisse de séparation

L'angoisse de séparation est un trouble anxieux fréquent chez l'enfant qui se retrouve séparé de sa famille. Les voyages scolaires, les départs en colonie de vacances sont des situations qui peuvent être anxiogènes chez certains. D'autres seront même amenés à renoncer à partir.

Le besoin de tout maitriser, se rassurer

Des stratégies lourdes en énergie peuvent se mettre en place pour se rassurer face des situations nouvelles : anticipation, programmation veulent être amplifiées dans des processus de planification extrême.

Le spleen du retour

Le retour à la vie "normale", (retour au travail, à l'école) peut amener des crises d'angoisse.

Bibliographie :

Stendhal, — Rome, Naples et Florence, éditions Delaunay, Paris - 1826, tome II, p. 102 (le syndrome de Stendhal)

S.Freud, Cinq Psychanalyses

S.Freud, Le Moi et le ça

S.Freud, Au-delà du principe de plaisir

S.Freud, Métapsychologie

texte : Corinne ALEXANDRE VERA


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