ASPECTS CROISES PSYCHANALYTIQUES ET NEUROBIOLOGIQUES SUR LE PSYCHOTRAUMATISME
La psychanalyse pose la thèse centrale de l’énergie psychique.
L’énergie psychique ou énergie pulsionnelle correspond à une excitation tonique à l’intérieur du corps pur répondre à nos besoins physiologiques ou psychiques : activités motrices, intellectuelles etc.
Elle circule dans l’ensemble du système nerveux.
L’organisme doit chercher à la maintenir constante. C’est le principe de constance.
Le modèle physiologique se comprend selon le principe d’excitation et de décharges.
La décharge permet la satisfaction ce qui est une nécessité pour l’organisme.
Trauma d'un point de vue métapsychologique
Psyché-soma sont associés par la pulsion qui est à la limite du somatique et du psychique.
En psychanalyse, on parlera d'économie psychique pour qualifier la quantité d'énergie qui circule et sa répartition, entre diminution et augmentation. Le modèle économique évoque la transformation de la pulsion en lui permettant de se réinvestir ailleurs et autrement que dans le sexuel, l'énergie libidinale devant être canalisée pour la rendre acceptable.
L’axe économique correspond à la quantité d’énergie que l’on va pouvoir investir dans les objets.
Le conflit est coûteux en énergie : on peut reprendre la métaphore du rond-point dans lequel on tourne, on tourne etc. A un moment donné le principe de réalité nous rattrapera et la voiture tombera en panne d’essence, ce sera le craquage avec une entorse ou avec une sortie d’impasse par dissociation ou bien un passage à l’acte, on prendra la première sortie pour sortir au plus vite (Cela nous servira en hypnose…)
Qu’est ce qui va coûter le plus ? Coûter le moins ?
Le modèle économique est un des trois axes majeurs de la métapsychologie, les deux autres étant le modèle topique et le modèle dynamique.
Le modèle dynamique considère le point de vue dualiste des pulsions sexuelles et d'autoconservation, la pulsion étant au centre de conflits et de combinaisons. Le conflit marque l’opposition entre des désirs contradictoires.
En 1921, dans son essai Au-delà du principe du plaisir, Freud va expliciter les aspects dynamiques de sa théorie du trauma. Freud aborde le stress sous un aspect dynamique avec l'effraction des systèmes de défense psychique et son aspect délié et non abréagis, avec une absence de signifiant.
Le modèle topique est lié à des lieux psychiques précis ainsi qu'à des lois : Le Conscient, Pré-Conscient, Inconscient en 1900 puis le ça, le Moi et le Surmoi en 1920.
Trauma d'un point de vue neurobiologique
En phase d'alerte, le système nerveux sympathique prend le relai du cortex qui n'est plus en mesure d'analyser correctement les données et le seuil de tolérance est dépassé : le rythme cardiaque augmente, le corps commence à transpirer, l'adrénaline est libérée.
En phase de résistance, le cortisol est libéré par l'hypophyse. Si cet état perdure trop, le cerveau est saturé, le corps prend le relai. Il peut y avoir confusion, sentiment d'étouffement, un sentiment d'angoisse de déréalisation, l'impression de folie ou de mort imminente. Le nerf vague active le système défensif du figement, le corps passe en mode survie. Le thalamus et l'hippocampe n'arrivent plus à percevoir des sensations cohérentes, le raisonnement est impacté, les traces mnésiques sont fragmentées et seront plus tard réactivées sous forme partielles dans des reviviscences
La crise d'angoisse sera à l'origine de la demande de nombreuses consultations mais aussi des affects fréquents au cours de l'analyse. Ces "attaques de panique" sont vécues dans le corps : bouffés de chaleur, vertiges, palpitations, battements de cœur, transpiration., tremblements, impressions d'étouffement.
L'angoisse est un symptôme : l'affect, en raison du principe dynamique de la libido qui a pour but la décharge libidinale et du principe de constance cherchant à réguler les tensions, cherche à se frayer un chemin au-delà des représentations interdites, lequel passe par le corps.
L'origine de l'angoisse est dans le signifiant, dans la jouissance.
* A noter que l'angoisse est au cœur de la phobie dont le principe est le déplacement de l'angoisse sur un objet extérieur, le déplacement étant un mécanisme défensif.
"Le retrait de la réalité par dissociation est réalisé par des modifications internes des états de conscience : évanouissement, période amnésique (...) bien qu'améliorant la situation pénible du sujet, n'a pas résolu pour autant sa souffrance" (J.B. Stora, Le stress, Que sais-je, 2019, p.68)
Les termes sont différents mais le processus est similaire entre ce que nous montrent l’énergie psychique en psychanalyse et les neurosciences. Nous retrouvons le principe de dissociation propre au trauma se retrouve dans les deux topiques freudiennes, le modèle dynamique favorisera la survie de l’espèce en privilégiant l’instinct de conservation face à la pulsion sexuelle (tant pis si ma maison brûle, je m’enfuis au plus vite) et le modèle économique (qu’est ce qui va coûter le moins ?) se pose dans le choix le moins pire entre fuir, combattre ou se figer.
Le principe de constance, c’est le maintien dans la fenêtre de tolérance.
Bibliographie
J.B. Stora, Le stress, Que sais-je, 2019, p.68
Freud, Au-delà du principe du plaisir, 1921
Texte Corinne ALEXANDRE VERA
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