L'approche psychosomatique, une approche intégrative


L'approche psychosomatique est une approche thérapeutique qui considère que le corps ne va pas sans l'esprit et vice versa.

La psychosomatique c'est l'effet du psychisme sur le corps : la somatisation, mécanisme de défense pour éviter l'angoisse d'un conflit inconscient.

 

La psychosomatique est une psychothérapie intégrative au carrefour des neurosciences, de la psychanalyse et de la médecine.

 

Les symptômes somatiques ressemblent à ceux d'une affection médicale mais qui ne peuvent s'expliquer ni par une affection médicale, ni par un autre trouble mental.

La psychosomatique permet d'aborder les maux psychiques du corps pour les comprendre et les relier à une histoire de vie. Cette subjectivation sera à la base du travail thérapeutique. L'enjeu est majeur pour la prévention des troubles psychiques et l'effet de répétition que l'on connait dans tout symptôme.

 

Le champ d'application de la psychosomatique est large : les maladies graves comme les cancers, les maladies chroniques, auto-immunes, infectieuses, l'aspect dermatologique, musculaire, gynécologique, respiratoire, gastro-entérologique, le sommeil, la mémoire, les troubles du comportement alimentaire et les addictions, les acouphènes, la colopathie fonctionnelle, l'eczéma, l'asthme, le mal de tête avec les céphalées, le mal au dos, les blessures à répétition, le vaginisme, les pannes d'érection, certaines phobies liées à l'espace, les traumas de vie (viol, inceste, accident etc.), les traumas liés à la naissance ….

 

Le corps et le psychisme sont reliés. L'un ne va pas sans l'autre.

Le corps et le psychisme sont indissociables.

Le soma et la psyché en psychothérapie permet de questionner les maux du corps : la mal-a-dit.

L'approche psychosomatique aborde le soma et la psyché en psychothérapie permet de questionner le corps dans ses maux.

 

Le travail thérapeutique en psychosomatique : angoisse, impasse, esprit et corps

 

La somatisation, c'est lorsqu'un problème psychique devient physique.

L'angoisse est donc ainsi au cœur de l'expérience de vie et un affect fondamental en psychanalyse et psychosomatique. L'angoisse est à considérer comme ce qui met l'être humain en danger. La proximité angoisse et corps commence dès la naissance et même dans la vie intra-utérine.

 

L'angoisse archaïque et organisation progressive du pare-excitation

L'angoisse existe au plus près du corps dans une installation pendant une période précoce du développement en période archaïque.

Mélanie Klein (chapitres 8 et 9 de développement de la Psychanalyse, PUF, 2004) évoque un danger interne menaçant pour le moi fragile et non encore maturé, "siège de l'angoisse", et reconnait l'existence de premiers fantasmes inconscients sur le mode hallucinatoire dans le fonctionnement émotionnel primitif, lors des premières phases du développement. La pulsion de mort est la première case de l'angoisse. Cette phase archaïque est associée au narcissisme primaire, construction psychotique lors de laquelle « l'appareil à penser les pensées » (W. R. Bion, 1962) est attaquée par la pulsion, hors réflexivité et subjectivité. La fonction réflexive est celle qui permet de penser les pensées (Roussillon, Anzieu).

 

L'angoisse est reliée avec Spitz comme étant liée au processus de la séparation.

Avec le second organisateur psychique de Spitz, l'angoisse du 8ème mois (la « peur de l'étranger ») montre le principe de reconnaissance de soi et de l'autre, essentiel avant de pouvoir dire "non" et s'affirmer face à autrui lors du troisième organisateur.

Il place la capacité à la séparation comme une aptitude psychique, rejoignant ainsi Winnicott qui évoque la "capacité d'être seul" comme un stade positif de maturation psychique.

 

Pour pouvoir être seul, il faut avoir été accompagné suffisamment lors des stades des agonies primitives.

Ce holding qui est l'art de porter, relève de la préoccupation maternelle primaire et l'importance de la fonction maternante, fonction alpha chez Bion et enveloppe contenante du psychisme. On retrouvera cette notion de contenance psychique avec D. Anzieu.

 

L'angoisse, d'un point de vue économique et dynamique du psychisme

Freud dans Inhibition, symptôme et angoisse (Freud, 1926) pose l'angoisse en terme économique. Angoisse, débordement pulsionnel avec Freud, décharge de la pulsion, (prenant sa source dans le corps) dans le Moi de la libido non métabolisée. Il s'agit d'un échec du processus soma-psyché et d'une angoisse traumatique.

Freud indique aussi l'existence d'une angoisse de type névrotique, sous forme dynamique où les forces s'organisent entre elles pour apaiser les tensions et où c'est "la représentation qui subit le refoulement, qui est éventuellement déformée jusqu'à être méconnaissable ; mais son quantum d'affect est régulièrement transformé en angoisse et ceci quel que soit sa nature, agression ou amour ». « C'est l'angoisse, qui produit le refoulement et non, comme nous le pensions, l'inverse, et une situation pulsionnelle redoutée remonte, au fond, à une situation de danger extérieur » (Freud, S., Conférence 32, Angoisse et vie pulsionnelle (1933), in Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, Paris, Editions Gallimard, NRF, 1984, p.114 et 121).

« Le développement d'angoisse est antérieur, la formation du symptôme postérieure, comme, dit-il, ... si les symptômes étaient créés pour éviter l'irruption d'angoisse ».

 

L'angoisse et les mécanismes de défense du psychisme

Le psychisme possède des organisations défensives puissantes qui nous permettent de faire face au stress, dangers, traumatismes et conflits. Ils peuvent être salutaires ou bien parfois pathologiques et adaptatifs.

Les mécanismes de défense permettent de se protéger d'émotions trop anxiogènes, notamment dans le cadre de deuil ou de traumatisme (harcèlement, maladie, accident, etc).

Ces mécanismes de défense ont un rôle de protection et maintien du psychisme.

Le déplacement dans la somatisation est un mécanisme de défense avec le "déplacement" de l'angoisse dans le corps. On retrouve ce même principe avec la phobie qui est un déplacement mais cette fois sur un objet extérieur et non plus sur le corps propre.

 

La désorganisation progressive du psychisme peut se poursuivre dans le soma, affectant en écho les organes en touchant alors le système nerveux central, puis le système immunitaire puis génétique.

 

Apaiser les tensions psychiques et corporels

Le système central nerveux autonome met en place des stratégies : gérés par le cerveau et orchestré par le système limbique, le système sympathique et parasympathique régulent les stimuli qui impactent le corps. Ils agissent sur les organes (le premier augmentant la pression artérielle et cardiaque, la glycémie et l'énergie et l'autre induisant un effet calmant), gérant ainsi les émotions.

Face au stress, l'organisme libère du cortisol, hormone et neurotransmetteur fabriqué dans les glandes surrénales ainsi que de l'adrénaline. Leur sécrétion excessive est dommageable, créant de dysfonctionnements.

 

La psychosomatique ne se substitue pas à un traitement, diagnostic ou suivi médical.

Le thérapeute n'a pas le droit de faire arrêter un traitement donné par un médecin, ni de le modifier, ni de poser un diagnostic.

Dans certains cas, le thérapeute peut être amené à orienter le patient vers un praticien plus adapté à sa situation.

 

BIBLIOGRAPHIE

Mélanie Klein (chapitres 8 et 9 de développement de la Psychanalyse, PUF, 2004

Freud dans Inhibition, symptôme et angoisse (Freud, 1926)

Freud, S., Conférence 32, Angoisse et vie pulsionnelle (1933), in Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, Paris, Editions Gallimard, NRF, 1984, p.114 et 121

 

Texte Corinne ALEXANDRE VERA

 


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